Faire l’amour en plein air, c’est vieux comme le monde. Mais faire l’amour le soir dans sa voiture, dans un stationnement, les fenêtres baissées pour permettre aux voyeurs rassemblés autour de bien se rincer l’œil, ou encore la portière ouverte pour accueillir un troisième joueur, c’est une tout autre histoire!
Selon le sondage Global Sex de Durex, fait en 2005, 50% des adultes de partout sur la planète ont parfois des relations sexuelles dans une voiture. Au Canada, 66 % ont répondu par l’affirmative à la même question. Avec la popularité grandissante de l’échangisme chez nous, inutile de vous dire que la combinaison voiture et gang bang crée une expérience unique pour ceux et celles qui désirent se livrer à des ébats à haute vitesse! Difficile de chiffrer chez nous cette pratique encore trop nouvelle, mais notons qu’en Angleterre un groupe de discussion à ce sujet sur le Web peut compter plus de 20 000 membres.
Ici, cette activité se pratique dans les ciné-parcs, les bois, les parcs et les parkings de la ville durant les chaudes nuits d’été. Deux endroits sont connus à Montréal pour ce genre d’expérience: les stationnements du lac aux Castors, sur le mont Royal, ainsi que celui du Jardin botanique de Montréal situé au parc Maisonneuve. «C’est comme un sport extrême, raconte Annabelle, échangiste, et c’est toi qui mènes le bal. Ce qui me stimule, c’est aussi le buzz d’aller au bout des choses et d’être en compétition avec les autres participants.»
Condoms, condoms, condoms! Il va sans dire que la protection est très importante puisqu’une personne peut avoir des contacts avec plusieurs partenaires dans une même soirée. Tout comme l’échangisme, la pratique du dogging se fait dans le respect et le partage. Oui au plaisir, mais jamais sans protection. Notons qu’il est également important de protéger l’environnement en préservant la propreté des lieux «après la fornication».
OK, c’est quoi le trip d’une telle pratique sexuelle? «Le sexe extrême implique des risques et la transgression d’interdits, donc entraîne une décharge d’adrénaline chez certains. D’autres sont excités lorsqu’ils se sentent regardés dans une situation de jouissance. Je crois qu’il ne faut pas non plus négliger le fait que les gens cherchent de plus en plus à briller dans tous les domaines, dont celui de la sexualité», déclare Geneviève Berthelette, sexologue et psychothérapeute. Le dogging est-il une simple fête sans danger pour les voyeurs et les exhibitionnistes ou encore une activité illégale comportant des risques importants de transmission d’ITS? En fait, le dogging se veut un jeu sexuel sécuritaire; toutefois, on observe un déclin du «sécurisexe» (safe sex). De plus, notons que ce nouveau phénomène est illégal puisqu’il constitue une infraction au code criminel. La copulation dans les endroits publics, considérée comme un outrage à la pudeur, est une violation des règlements municipaux en vigueur. Par conséquent, les contrevenants sont passibles d’une amende. Portrait d’un phénomène mondial Ce «passe-temps» a vu le jour en Grande-Bretagne et s’est fait connaître, entre autres, grâce à Internet. Il a été médiatisé pour la première fois par la BBC en 2003 et son expansion a été rapide. Aujourd’hui, les États-Unis, le Canada, l’Allemagne et la France — pour ne nommer que ces pays-là — ont emboîté le pas. Le terme dogging vient du fait que certains hommes, prétextant qu’ils sortaient pour promener le chien tard le soir, allaient se rincer l’œil. Cette pratique est un mélange de voyeurisme, d’exhibitionnisme et d’échangisme. Les voyeurs sont généralement des hommes, alors que les exhibitionnistes sont habituellement des couples en quête d’une aventure à trois ou encore des femmes seules qui désirent attirer l’attention.
On désire mettre un peu de piquant dans nos ébats, mais la pratique du dogging est un changement trop radical dans notre vie sexuelle? Gardons en tête qu’il existe d’autres lieux pour satisfaire les besoins «hors de la chambre à coucher» de notre couple: les ascenseurs, les salles de bains d’un avion ou encore la plage, par exemple. MISE EN GARDE: MÊME LORSQU’ON CROIT ÊTRE À L’ABRI DE TOUS LES REGARDS, CERTAINS VOYEURS RÉUSSISSENT À ÉPIER NOS MOINDRES GESTES...
«J’ai participé à une soirée dogging dans un ciné-parc à Trois-Rivières. Condoms, drogue, alcool: c’était l’enfer! Cela donne un peu de sens à nos vies et nous permet de sortir de la routine. C’est comme aller au Disneyland du sexe. Dans la vie, si tu veux être libre, la seule chose que tu ne dois pas banaliser, c’est ta sexualité», dit Marc, échangiste. (NDLR: Drôle de constat. En ce qui nous concerne, nous estimons que ce genre de pratique banalise justement la sexualité. Par contre, faire l’amour avec quelqu’un qu’on aime nous semble encore un acte sacré. Enfin... sommes-nous devenues vieux jeu au FA? )